Le vendredi 22 novembre 2024, Celia Izoard donnait une conférence à l’UQAM organisée par Polémos Décroissance et Collectif Société. Voici la capture audio de son intervention.
Résumé : Le projet de « transition énergétique » qui domine depuis une décennie les discours publics a installé une opposition entre, d’un côté l’extraction de fossiles, synonyme de réchauffement climatique, et de l’autre une extraction minière requalifiée en mal nécessaire pour approvisionner la transition en métaux.
L’enjeu de ce séminaire a consisté à analyser la dimension factice de cette polarisation, son efficacité idéologique et ses conséquences politiques et matérielles, à commencer par la poursuite de l’accaparement des ressources et du franchissement des limites terrestres. Peut-on lutter contre le « capitalisme fossile » sans affronter plus largement le capitalisme extractiviste, dans les imaginaires comme dans les infrastructures ?
Espace conférence du Festival de la décroissance conviviale – Crédit : Jérémy Bouchez
Le 1er juin, Montréal accueillait la 3e édition du Festival de la décroissance conviviale. L’événement, qui a attiré jusque 350 personnes, se tenait au Boisé Steinberg dans l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve. Le choix de cet espace naturel était très à propos puisqu’il est aussi un lieu emblématique, à la convergence de plusieurs luttes citoyennes en lien avec les idées et débats qui se sont déroulés tout au long de la journée.
Le Boisé Steinberg dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, une sorte d’oasis de 3 ha (30 000 m2) de nature sauvage en pleine ville, encerclée par le béton, l’asphalte… et bientôt par des milliers de conteneurs qui seront opérés par l’entreprise Ray-Mont Logistics. C’est presque logiquement dans cette « zone à défendre », écrin de nature cernée par les multiples visages du capitalisme, que s’est tenue la 3e édition montréalaise du Festival de la décroissance conviviale.1Les deux premières éditions se sont tenues en 2018 et 2019 sur le site Virage du campus MIL de l’Université de Montréal.
Un site qui est un condensé de luttes citoyennes
Crédit : Jérémy Bouchez
Logiquement, car le lieu est un condensé de luttes citoyennes contre le système capitaliste, contre la destruction du vivant (même en milieu urbain), contre les organes de gouvernance (provincial et municipal) qui veulent balafrer le boisé pour prolonger le boulevard de l’Assomption afin de faciliter le camionnage et le transport de conteneurs vers le port fluvial de Montréal, situé à deux pas2Une partie du Boisé Steinberg, en référence à l’entreprise qui possédait l’espace il y a 30 ans, s’est naturalisée. Le lot appartenait à Hydro-Québec jusqu’à très récemment, avant que la ville ne l’achète en vue de sa protection, grâce à la pression et à la mobilisation des citoyen∙ne∙s du secteur. Une partie du boisé est toujours menacée par le projet municipal de prolongement du boulevard de l’Assomption. Pour de plus amples informations sur le boisé Steinberg, visitez le site internet de Résister et fleurir : https://resisteretfleurir.info/le-boise-steinberg/. Sophie Turri (Polémos Décroissance) et Geneviève Chagnon (fondatrice Carrefour BLE), organisatrices du festival, ont divisé le site en plusieurs espaces : un lieu central composé de kiosques occupés par différents organismes et partenaires, un chapiteau qui abritait les conférences et une zone dédiée à la fanfare Pourpour, qui a régalé les participant.es avec ses sonorités tziganes, québécoises, mélangées à du jazz, un assemblage éclectique et convivial qui résonnait avec les idées proposées et les discussions qui ont eu lieu durant toute la journée.
Avant le lancement de la programmation de la journée, quelques membres de Mobilisation Parc-Nature MHM ont permis à une vingtaine de personnes de participer à une marche guidée sur les luttes et le boisé, histoire d’ancrer l’événement dans les thématiques du lieu tout en faisant de la sensibilisation aux revendications et aux réalités citoyennes locales.
Produire moins, partager plus et décider ensemble, mais comment?
Tout au long de la journée, dans l’espace dédié aux conférences, des intervenant∙es sont venu∙es discuter et échanger sur plusieurs thématiques et questionnements, faisant le lien entre les origines du mouvement, ses idées, toute comme les alliances difficiles, mais absolument nécessaires avec celui de la lutte des classes à travers le mouvement ouvrier, avec les revendications autochtones ou encore avec les militant∙es écologistes.
Ainsi, Louis Marion, philosophe de la décroissance et membre de Polémos-Décroissance, a ouvert le bal en proposant une introduction à la décroissance et aux institutions nécessaires à la mise en place de son programme. En 2e partie de matinée, Ambre Fourrier, candidate au doctorat en sociologie et également membre de Polémos-Décroissance, a dressé une analyse fine et une critique étayée du mythe de la possibilité d’une croissance verte, pourtant largement défendue par les thuriféraires du verdissement du capitalisme.
Durant la pause du midi, pendant que la vingtaine de musicien∙ne∙s de la Fanfare Pourpour animait les lieux du festival, l’espace escargot donnait l’occasion aux participant∙es avec des enfants de prendre part à une fresque du climat. En début d’après-midi, Aurélie Oren A., herboriste-thérapeute et fondatrice de Le Vent et la Tortue, proposait une activité de découverte des plantes sauvages médicinales et comestibles qui se sont installées dans le boisé. De plus, plusieurs organismes sont venus tenir des kiosques fournissant des informations sur leur mission et leurs activités : UPop Montréal, Eau Secours, les Éditions Écosociété, La Remise – Bibliothèque d’outils, Mobilisation 6600 – Parc Nature MHM et le Collectif HEPC (Hautes études post-croissance).
La nécessité de faire converger les idées de la décroissance avec les luttes ouvrières
En après-midi, la 2e partie des conférences du festival reprenait de plus belle devant une centaine de personnes. Colin Pratte, sociologue, juriste et chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), a utilisé son temps de parole pour discuter des classes sociales et de leurs liens avec les idées de la décroissance. Pour le sociologue, et en se basant en partie sur les écrits et les recherches de la professeure Bengi Akbulut (chercheure à l’université Concordia), l’articulation entre le mouvement de la décroissance et les luttes de classes est faible pour deux raisons principales : la première a trait au point d’entrée de la lutte, car celle-ci s’est faite par la sphère du travail avec des questionnements sur la nuisance du capitalisme contre la main d’œuvre, la force ouvrière. Par contre, le mouvement de la décroissance s’est tout d’abord construit sur les conséquences du système capitaliste sur la biosphère, sur les conditions de reproduction de la vie, à l’extérieur de la sphère de travail.
La deuxième raison porte sur l’imaginaire de l’émancipation. En effet, selon Bengi Akbulut et Colin Pratte, le projet socialiste au sens large n’était pas vraiment en phase avec les idées décroissantistes, mais défendait au contraire un imaginaire prométhéen, c’est-à-dire une vision du progrès humain portée par la technique et la croissance économique. Colin Pratte a insisté sur une nécessaire et impérative fusion entre les luttes sociales et écologiques qui se heurte cependant aux impératifs de la croissance verte, par exemple dans la défense des métiers de la transition écologique en mode capitaliste, comme le chantier de l’électrification à tout va qui, pour le moment, est fortement orientée vers le maintien de l’hégémonie techno-industrielle, encore largement défendue par les syndicats.
En milieu d’après-midi, un panel de discussion axé sur le mouvement militant écologiste s’est tenu sous le chapiteau des conférences. Quatre panélistes ont échangé pendant 30 minutes sur leurs rapports avec les idées du mouvement de la décroissance avant de répondre aux questions de l’auditoire. Étaient présent.es : François Geoffroy, membre de Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique, Louis-Philippe Véronneau, membre de Mobilisation 6600 – Parc Nature MHM, Guillaume Lévesque et Amélie Beaulé, deux membres du jeune mouvement Rage climatique.
De l’esquisse des espaces géographiques de la décroissance à des stratégies de désaccumulation
Yves-Marie Abraham, lors de sa conférence. Les conteneurs du Port de Montréal sont visibles en arrière plan. Crédit : Jérémy Bouchez
Pour terminer l’après-midi, ce fut au tour d’Yves-Marie Abraham, professeur à HEC, auteur de Guérir du mal de l’infini et membre de Polémos Décroissance et Dalie Giroux, essayiste et professeure en théories politiques et féministes à l’Université d’Ottawa.
Le premier a tenté une esquisse géographique d’un monde post-croissance. Après avoir rappelé à quel point le modèle capitaliste peut être vu comme un mode de vie impérial (selon Ulrich Brand et Markus Wissen3Brand, U., Wissen, M., & Jungwirth, B. (2021). The imperial mode of living : Everyday life and the ecological crisis of capitalism. Brooklin : Verso. https://www.versobooks.com/en-ca/products/916-the-imperial-mode-of-living), c’est-à-dire la promesse que tout un chacun∙e puisse devenir un seigneur ou une seigneuresse, au détriment de la biosphère, tout en reposant sur de puissantes injustices, tant sur les modes de production que sur la nécessité de gérer les déchets inhérents à la société de consommation, elle-même inféodée au productivisme. Face à l’impasse du système capitaliste, Yves-Marie Abraham propose cinq principes complémentaires et interdépendants : la biorégionalisation, la municipalisation, l’instauration et la généralisation des basses technologies (ou low-tech), la communalisation, et la subsistance, en tant que préoccupation fondamentale.
Pour terminer, le professeur et objecteur de croissance a présenté le « quizz biorégionaliste »4https://topophile.net/savoir/un-quiz-bioregional/, un ensemble de questions élaborées par les premiers et premières promoteur∙es de la biorégion en Californie, qui se veut une sorte de test visant à vérifier nos connaissances des affordances (ou potentialité) de la nature dans notre région, non dans une cosmologie extractiviste, mais dans une perspective de subsistance, écologique, communaliste, égalitaire, et la moins dépendante possible des hautes technologies.
Enfin, la professeure Dalie Giroux a brillamment expliqué sa vision d’une « praxis de la désaccumulation », avec la gratuité comme figure de cette désaccumulation, en se basant sur la critique de l’accumulation primitive développée par Karl Marx dans Le Capital5Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr) Source : Article Le Capital de Wikipédia en français (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Capital). (section 8 du livre). Pour l’essayiste, cette nécessaire désaccumulation impose une autre théorie de la valeur, imposée par le capitalisme comme une mesure de l’argent. Elle voit cette praxis de la désaccumulation comme des pratiques de destruction de valeur, c’est-à-dire de démanteler les processus qui protègent les marchés afin de servir le capital. Dans cette optique, la « pratique ou revendication reine » d’un mouvement de désaccumulation réside dans la gratuité. Dalie Giroux précise que ce qui est gratuit détruit la valeur. L’exemple de la revendication de la gratuité de l’éducation lors du Printemps érable signifie qu’on ne veut pas de l’éducation comme marchandise, en estimant que cela ne vaut rien, on implique que cela ne peut être approprié. Elle estime donc qu’il y a de nombreux chantiers à penser dans la revendication de la gratuité, entre autres perspectives de désaccumulation.
Cette 3e édition du Festival de la décroissance conviviale fut une réussite tant sur le plan de la fréquentation que sur celui des idées avancées et des échanges avec le public. Outre le fait d’avoir pu discuter dans un lieu vu comme un symbole montréalais des luttes citoyennes face aux conséquences du capitalisme, plusieurs intervenant∙es ont mentionné être reparti∙es avec de nouvelles pistes de recherche, d’écrits ou avec une motivation renforcée. C’était aussi l’occasion de tisser ou de renforcer des liens, ce qui après tout figure dans le slogan « moins de biens, plus de liens ».
À noter que les interventions des conférenciers et conférencières ont été captées en vidéo et seront disponibles sur le site internet de Polémos Décroissance.
Une partie du Boisé Steinberg, en référence à l’entreprise qui possédait l’espace il y a 30 ans, s’est naturalisée. Le lot appartenait à Hydro-Québec jusqu’à très récemment, avant que la ville ne l’achète en vue de sa protection, grâce à la pression et à la mobilisation des citoyen∙ne∙s du secteur. Une partie du boisé est toujours menacée par le projet municipal de prolongement du boulevard de l’Assomption. Pour de plus amples informations sur le boisé Steinberg, visitez le site internet de Résister et fleurir : https://resisteretfleurir.info/le-boise-steinberg/
Le 1er juin c’est la journée mondiale de la décroissance, le saviez-vous? Pour célébrer l’occasion, le collectif de décroissance conviviale de Montréal, aux côtés de Polémos et de la Mobilisation 6600 Parc Nature MHM, est ravi de vous convier à la troisième édition du Festival de la décroissance. Nous vous proposons de venir passer la journée avec nous sur le site à défendre de la Mob!
Au programme : des conférences, panel et débats mais aussi, des marches en nature, des kiosques, une fanfare, tout ce qu’il faut pour passer un bon moment et faire le plein d’enthousiasme.
9h15-10h : marche guidée sur les luttes et le boisé avec la Mobilisation 6600
10h-10h30 : ouverture du festival
10h30-11h15 : Introduction à la décroissance et aux institutions nécessaires – Louis Marion (Polémos)
11h15-12h : Pourquoi ne pas miser sur la croissance verte? – Ambre Fourrier (Polémos, UQAM)
12h-13h30 : PAUSE À L’ESPACE ESCARGOT
13h30-14h15 : Décroissance et classes sociales: entre ruptures et alliances – Colin Pratte (IRIS, UQAM)
14h15-14h30 : Pause
14h30-15h30 : Quelle place pour la décroissance dans la culture militante? – François Geoffroy (Travailleurs et Travailleuses pour la Justice Climatique), Louis-Philippe Veronneau (Mobilisation 6600), Rage climatique
15h30-15h45 : Pause
15h45-16h30 : Esquisse géographique d’un monde post-croissance – Yves-Marie Abraham (Polémos, HEC)
16h30-17h15 : Figures de la gratuité – Dalie Giroux (Université d’Ottawa)
17h30-18h30 : Mot de la fin et jasette!
ESPACE ESCARGOT
10h-12h : Fresque du climat pour enfants (sur inscription/places limitées : https://bit.ly/3UPUd2J)
12h-13h30 : Spectacle de la fanfare Pourpour et Kiosques : Écosociété, Upop Montréal, La Remise, Collectif HEPC (Hautes études post-croissance), Mobilisation 6600, Eau Secours…
13h30-14h30 : Balade découverte des plantes sauvages et de leurs vertus ave Aurélie Oren A., Le Vent et la Tortue (gratuit, place limitées – inscriptions sur place)
*** N’oubliez pas d’apporter vos gourdes remplies d’eau!***
Après une petite pause en avril, voici l’émission du lundi 6 mai 2024. Au micro de Charline Caro, Sophie Turri nous parle de la joie dans les luttes. La programmation du Festival de la décroissance conviviale qui aura lieu le 1er juin dès 9h00 au Boisé Steinberg à Montréal y est également dévoilée!
Pour trouver le segment de l’émission, aller à 2:20. Bonne écoute!
Qu’il soit social-démocrate ou stalinien, le mouvement ouvrier européen du 20e siècle a posé la prise du pouvoir suivie du socialisme d’État comme des étapes nécessaires au passage au communisme dès lors considéré comme étant pour (après-) demain. Avec en primes symétriques l’oxymore stalinien d’un passage au communisme par son contraire (la dictature) et la dérive électoraliste social-démocrate. Cet étapisme qui structure la culture militante rencontre les travaux académiques qui dans leur majorité proposent une analyse non dialectique du capitalisme, posé comme « système de domination » avec une seule classe pour-soi, la bourgeoisie : sans lutte de classes donc, puisqu’une telle lutte suppose l’existence de deux classes pour-soi, avec une classe révolutionnaire en capacité d’instituer les prémices du communisme dans le capitalisme.
À partir d’une analyse de la lutte de classes restituant les éléments de « déjà-là communistes » conquis en France dans le champ du travail (qu’il s’agisse du statut des travailleurs, de la gestion d’institutions macro-économiques ou du financement de la production), on s’attachera :
à chercher les causes de la défaite du mouvement ouvrier depuis une trentaine d’années dans la cécité tant militante qu’académique sur ces déjà-là communistes, évidemment objets d’une contre-révolution capitaliste (ce qu’on appelle par légèreté analytique le « néo-libéralisme ») partiellement victorieuse faute que ces déjà-là soient actualisés et généralisés dans la lutte de classes ;
et à proposer ce que pourraient être cette actualisation et cette généralisation sur trois terrains : le salaire comme droit politique, l’avance en salaire comme seul préalable à la production, la mise en sécurité sociale des productions.
C’est un rendez-vous, vendredi le 20 octobre dès 14h00 à la Salle A-5020 du Pavillon Hubert-Aquin à l’UQAM.
C’est avec plaisir que Polémos y participera le jeudi 18 mai de 11h à 12h30 dans le cadre d’un panel intitulé « « Dialogue entre décroissance et écosocialisme » ».
Description du panel
Depuis que John Bellamy Foster, l’un des principaux théoriciens de l’écosocialisme, publie en 2011 sa critique de la décroissance dans la revue de gauche britannique Red Pepper, une critique qui visait principalement quelques écrits de l’objecteur de la croissance français Serge Latouche, les échanges entre les deux courants de pensée ne furent que sporadiques. Au sein de chacun, une compréhension quelque peu réductionniste des analyses et préceptes de l’autre prédominait. De leur côté, les écosocialistes voyaient dans la décroissance un refus d’affronter la question primordiale du capitalisme et de reconnaitre le rôle incontournable d’une lutte de classe dans construction d’un monde plus sain et viable, tandis que les objecteurs de croissance avaient tendance à rejeter l’écosocialisme comme figé dans un paradigme dépassé et considérer ses défenseurs naïvement optimistes quant aux remèdes technologiques à la dégradation sans fin de l’habitat terrestre.
Toutefois, avec l’aggravation de la catastrophe écologique, on observe de plus en plus d’intérêt pour la décroissance dans certains milieux intellectuels. Cette polarisation stérile semble donc s’estomper peu à peu, permettant ainsi d’ouvrir un espace pour un nouveau dialogue. On entend même parler de ‘décroissance écosocialiste’. Notre panel cherchera à comprendre les opportunités et les limites de cette ouverture. Sans minimiser les divergences philosophiques importantes, nous nous pencherons sur ce qui nous rapproche et les possibilités de conjuguer nos efforts analytiques et programmatiques dans l’intérêt de renforcer et de rallier les forces de changement radical.
Panélistes
Andrea Levy, Louis Marion, membres de Polémos, ainsi que Bengi Akbulut et Aaron Vansintjan.
Émission du lundi 20 mars 2023. Sophie Turri introduit David Fillion à l’Université Populaire de Montréal (UPOP). Une discussion sur l’éducation populaire comme «commun» et piste de solution décroissanciste.
Pour trouver le segment de l’émission, aller à 36:52. Bonne écoute!
Étonnamment peu connu, Alexander Grothendieck (1928-2014) fut l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle. Secoué par la guerre du Vietnam, puis par la découverte du financement partiel par des fonds militaires de l’institut de recherche au sein duquel il travaillait, Grothendieck quittera sa prestigieuse institution. Avec «Survivre… et vivre», un mouvement de scientifiques critiques qu’il fonde en 1970 à Montréal, il initiera une profonde critique du complexe scientifico-militaro-industriel, qui a constitué l’une des sources d’inspiration importantes de la décroissance. Cette brève présentation nous invitera à nous poser la question on ne peut plus d’actualité formulée par Alexander Grothendieck : « Allons-nous continuer la recherche scientifique? »
André Gorz (1923-2007) fut l’un des précurseurs incontestés de la décroissance et l’un des premiers auteurs à utiliser le terme même. Cet intellectuel français d’origine autrichienne a contribué à conscientiser toute une génération aux enjeux de l’écologie notamment par sa chronique, publiée sous le pseudonyme Michel Bosquet, dans Le Nouvel Observateur au cours des années 1970. Dans son long parcours, ce socialiste libertaire antiproductiviste a abordé à peu près tous les grands thèmes de la décroissance et s’est consacré à analyser les impasses du capitalisme ainsi que la nécessité impérieuse de limiter l’emprise toujours grandissante du marché sur la société. Nous discuterons de plusieurs aspects clés de son œuvre tel que ses idées sur l’autolimitation des besoins, la réduction du temps de travail, le revenu universel, et les réformes révolutionnaires.